Une histoire de riz et de canards, du Japon à la Camargue
Direction la petite Camargue gardoise et ses marais de la commune de Saint-Gilles, à la découverte de Bernard Poujol, producteur engagé qui a fondé il y a une quinzaine d’années Canard des Rizières. Il pratique une méthode agro-écologique qui associe la riziculture biologique à l’élevage de canards, une méthode utilisée depuis des millénaires au Japon nommée Aigamo et relancée là-bas depuis les années 1980 par Takao Furuno, pour obtenir un riz bio de qualité exceptionnel avec un goût de champignon et de noisette.
Comment ça marche tout ça ?
La principale difficulté de la culture du riz est la gestion des adventices, les mauvaises herbes. L’introduction des canards dans les rizières est une méthode naturelle très efficace qui évite de recourir aux produits chimiques. Les canards mulards, friands des adventices plutôt que des pousses de riz, dures et fibreuses, mais aussi amateurs des ravageurs du riz comme les chironomes, pyrale, et autres charançons aquatiques, sont introduits dans les rizières à un mois et demi, le même âge que la rizière. Pendant deux mois, les canetons jardiniers nettoient la rizière, fertilisent le sol et oxygènent l’eau lui donnant un aspect bourbeux qui inhibe la croissance des adventices.
Des semis à la moisson
Les semis de riz sont réalisés fin mai à sec, c’est à dire sans irrigation, ce qui permet d’être plus économe en eau que dans le système traditionnel. Cette particularité donne d’ailleurs au riz un goût de champignon et de noisette. Une fois atteint le stade de trois feuilles, les rizières sont irriguées grâce au Petit Rhône. Le riz, auparavant semé à la volée, est planté en lignes pour permettre la circulation des canards l’été. La culture de riz se fait en rotation sur 20 hectares des 60 hectares de la ferme pour régénérer la terre. Bernard Poujol prépare pendant deux ans ses rizières en mode pâturage avec brebis et vaches qui paissent l’herbe et la luzerne, fertilisant le sol. La moisson débute en général mi-septembre.
Crédit photo : Anthony Maurin
